Le terme « nègre » est souvent utilisé dans un sens péjoratif. En
France et aux Etats-Unis, le concept est associé à la manifestation du racisme.
Traiter une personne de « nègre » ou de « négresse » revient
à l’insulter grièvement. Aujourd’hui, le mot nègre est-il vraiment péjoratif ?
Nombreux sont ceux qui pensent que le mot « nègre » présente une
connotation absolument dévalorisante. Cette perception dépréciative résulte de
l’usage du mot dans le contexte de l’histoire esclavagiste ponctuée par la
discrimination raciale et la considération des peuples noirs comme étant
inferieurs par rapport aux autres races. On dirait que le devoir de mémoire
fait basculer le terme dans le champ lexical des jurons et des autres
expressions offensantes pour les peuples originaires d’Afrique. Sous cet angle,
nul doute ne subsiste quant au sens outrageant du mot « nègre ».
Toutefois, au XXIe siècle, les combats contre toutes les formes
de discrimination ouvrent l’ère de la pacification des mémoires. Il ne s’agit
pas de reléguer dans l’oubli les immenses horreurs de l’esclavage. Je veux
souligner qu’il faut aujourd’hui lutter pour la promotion de la négritude, pour
mettre en valeur ce qu’il y a de beau et de sublime chez le « nègre ».
Car, tant que les peuples africains et ceux originaires d’Afrique continuent de
figurer sur la liste des plus corrompus, des moins créatifs et moins
productifs, des plus vaniteux et plus égocentriques, le mot « nègre »
continuera de dégager un relent d’incapacité à se construire un meilleur cadre
de vie.
Dans les Antilles, particulièrement en Haïti, le mot « nègre » ne
présente aucune connotation négative. Le Nègre symbolise la force, le courage,
la virilité en Haïti. La négresse, par ses lèvres pulpeuses, ses fesses aux rondeurs
captivantes, est la Muse, la source d’inspiration des plus belles œuvres littéraires
et paralittéraires. Le mot « nègre » est la formule la plus courante
d’introduction des conversations au quotidien. Tout cela traduit une grande fierté,
celle d’avoir mené avec bravoure le combat pour la liberté.
Les mots ont le sens que nous leur donnons dans chaque situation de
communication. Le contexte d’énonciation détermine s’il s’agit d’ironie ou du
franc-parler. Quant au mot « nègre », il doit aujourd’hui être entendu
comme un concept révélateur de grandeur d’âme et de force combattive. Plutôt que
d’être jugé offensant, le terme « nègre » mérite d’être célébré.
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