COMMENT CHANGER DE MENTALITE?

Comment changer de mentalité ?

La mentalité est la façon dont nous nous représentons le monde ou ce que nous voyons ou entendons selon nos croyances, notre éducation et nos propres lumières.

Dans un pays comme Haïti, la mentalité est de plus en plus gauchie par la perversion des valeurs. Celles-ci sont interprétées dans le sens contraire de la réalité ou au rebours de leur signification profonde. Les jeux de mots masquent la vérité. Professionnels, politiciens et citoyens ordinaires, tous deviennent des experts en langue de bois. La culture du bluff ! Le mensonge et la perfidie atteignent des proportions déconcertantes dans le cadre des relations tant privées que professionnelles. Les conséquences sont tangibles : notre société s’enlise dans la misère et la dépravation. Comment changer de mentalité ? Comment s’ouvrir à la vérité ?  

Au lieu de se livrer à des débats futiles loin de la réalité, de s’abandonner à cette culture grandissante du bluff, il serait temps de repenser notre représentation du monde comme Haïtien. Il n’y a rien d’exceptionnel dans la volonté de changer les choses. Toutefois, l’on reconnait qu’il s’agit bien d’une entreprise ardue. Agir pour une transformation de la mentalité dominante, c’est comme vouloir soulever une montagne.

Pour mieux comprendre cette perversion de la mentalité dont je parle, il faut revenir sur ce qui constituait autrefois des valeurs dans notre société. Je considère entre autres la « coumbite ». La « coumbite » n’est autre que la manifestation de la solidarité et de l’esprit d’entraide. Elle a été vécue dans les milieux ruraux où les gens savaient se mettre ensemble pour assurer les travaux agricoles. De là découle l’idée que « le voisin est de la famille ». Comme on dit en créole : « Vwazinaj se fanmiy ». Aujourd’hui, « l’esprit coumbite » est perverti pour devenir l’esprit de clan (favoritisme, clientélisme, népotisme).

Il faut rechercher les causes profondes de la corruption qui gangrène notre société dans la perversion des valeurs, dans cette mentalité qui fait que l’on voit la misère des autres comme une source d’opportunités à exploiter.

On a juste besoin d’un peu d’effort sur soi pour changer de mentalité. Effectivement, un effort constant. Il n’y a pas de solution toute faite ni de recette magique pour y parvenir. On peut juste commencer par :

· Cesser de déformer la réalité

· Admettre la vérité

· Revenir aux valeurs fondamentales de « l’haitianité »

· Accepter notre identité

Cesser de déformer la réalité

Notre société aime bien vivre dans l’imaginaire ou dans le souvenir du passé glorieux. Une telle mentalité est rétrograde et irréaliste. Il y a lieu de se tourner vers l’avenir et d’envisager les choses sous de nouvelles perspectives. Pour cesser de déformer la réalité, il faut considérer les faits, analyser leurs conséquences éventuelles, proposer des actions concrètes pour un avenir moins incertain.

Admettre la vérité

Notre société semble avoir en horreur la vérité. Il y a toujours une circonstance surnaturelle autour de la mort ; la superstition supplante l’évidence scientifique (les catastrophes naturelles s’expliquent par la colère de Dieu) ; l’accessibilité aux informations est rendue difficile. C’est un contexte dans lequel on passe le temps à contourner la vérité plutôt que de l’accepter. Pour admettre la vérité, il faut juste que l’on puisse avoir accès aux sources d’informations. Pour développer une nouvelle mentalité, il faut être constamment à l’affût de nouvelles informations. Soyons curieux !  

Revenir aux valeurs fondamentales de « l’haitianité »

Les valeurs fondamentales de l’haitianité trouvent leurs racines dans l’histoire de la colonisation, de l’esclavage et de la Révolution haïtienne de 1791 à 1804. Ces valeurs sont :

- Le sentiment d’unité (l’union)

- Le sentiment d’invulnérabilité (la force)

- Le goût de la victoire (la liberté)

- Le rejet de l’exclusivisme (l’égalité)

Changer de mentalité revient alors à pratiquer la solidarité, à combattre les vices, à libérer son potentiel. Il est grand temps de cesser de rêver du passé, mais d’appliquer ces valeurs que nous avons appris à cultiver par le passé.  

Accepter notre identité

S’accepter est la première étape vers la transformation de la mentalité. C’est ce qui nous permet d’identifier nos forces et nos faiblesses. Dans notre société, on refuse de se voir soi-même tel qu’on est. On vit alors dans l’ignorance de ses potentiels et de ses limites. La recherche d’une identité qui n’est pas la nôtre nous égare du chemin de la droiture et de la fraternité. L’aliénation culturelle est telle que l’on s’oublie et on adopte des normes, des pratiques et des modes de vie étrangère qui détruisent progressivement le fondement de notre société.